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Créole, Créolité

Le mot "créole" désigne des langues et des peuples. Il y a des langues créoles et des peuples créoles (1). Dans l'histoire, ces deux réalités sont nées de l'esclavage dans le régime de la plantation, au temps de la colonisation. C'est ce peuple issu de l'esclavage qui a donné naissance à cette nouvelle langue en même temps qu'il prend lui-même naissance à partir de deux ou de plusieurs groupes de personnes venus avec leur culture, leur religion et leur langue propres. Des peuples et langues créoles existent dans les Caraïbes, à Haïti, aux Seychelles, à la Réunion et dans d'autres parties du monde.

En général, on appelle "créoles" les sociétés qui sont issues de ce contexte historique précis. À cause de l'histoire particulière de Maurice avec son régime de communautés, notre pays est le seul pays où le terme "créole" a pris un sens ethnique et désigne les personnes d'origine africaine ou mixte et qui sont chrétiennes.

Le mot "créole" désigne aussi la langue de la majorité des Mauriciens. La langue créole, d'abord façonnée par les esclaves dans leurs relations avec les colons français, a évolué avec l'apport des divers groupes de peuplement du pays qui s'y sont succédé et qui l'ont adoptée. Le lien historique qui existe entre la langue créole et le peuple créole ne signifie pas que celui-ci réclame l'exclusivité de cette langue. Au contraire, le peuple créole est fier que sa langue soit devenue celle de tous les Mauriciens.

A partir du mot "créole", les linguistes et les anthropologues ont forgé le concept de "créolisation". La créolisation est un processus de brassage et de mélange qui produit de nouvelles langues et cultures, qui sont les langues et les cultures créoles. Aujourd'hui, ce concept opératoire déploie toute sa pertinence dans la réflexion de certains philosophes, penseurs, humanistes, politiciens et chez beaucoup de citoyens qui voient dans le monde créole un modèle de brassage qui permet de comprendre les mutations enclenchées par la mondialisation dans le monde moderne.

Le concept de "créolité", quant à lui, met en valeur la créativité et la résistance que les esclaves ont déployées dans leur situation dramatique. La créolité désigne une réalité anthropologique, socioculturelle, économique et politique. Les nouveaux peuples issus de l'esclavage ont créé des langues, des formes diverses d'artisanat, l'agriculture et la pêche pour leur autosuffisance, des métiers tels que celui de charpentier, couturière, peintre, etc., la musique et le théâtre, une nouvelle cuisine, des valeurs morales et religieuses, etc. Dans certains contextes, dans les Caraïbes et depuis quelque temps dans les îles de l'océan Indien aussi, la "créolité" désigne également le discours qui nomme et identifie les personnes et les peuples qui se sont formés à partir de l'esclavage, c'est-à-dire que le concept de créolité est intimement lié à celui d'identité.